Alternatives à l’obsolescence programmée

De nombreuses initiatives proposent une alternative à l’obsolescence programmée. Qu’elles soient fondées sur la résilience spontanée de certains consommateurs ou proposent un réel changement de modèle économique, ces réactions offrent de nombreuses perspectives en matière de développement durable.

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« Réparer est meilleur que le recyclage. Réparer sauve la planète. Réparer sauve votre argent. Réparer enseigne aux ingénieurs. Vous ne possédez vraiment que ce que vous savez réparer. »

Manifesto du site iFixit, 2010.

La réparation et la réutilisation

Des utilisateurs se sont réunis autour de plateformes de partage et d’entraide pour réparer des objets obsolètes. La communauté du site américain iFixit s’est par exemple distinguée par la réparation des appareils Apple, Commentreparer.com est son pendant français.

Il existe également un écosystème de réparateurs professionnels indépendants, de ressourceries ou de structures telles qu’Emmaüs qui œuvrent à la réparation et la récupération avec souvent un but social attaché. Si ce secteur souffre encore d’un défaut de certification et de valorisation de compétences, des initiatives telles que le projet STAR (Stations Techniques de Réparateurs Agréés) vise à organiser cette activité fortement génératrice d’emploi.

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Les nouveaux modèles  d’économie circulaire et d’écoconception

L’économie circulaire est un concept qui monte, il n’est pourtant pas si nouveaux. Alors que l’Institut de l’Economie Circulaire vient d’ouvrir ses portes et que la Fondation Ellen MacArtur multiplie les rapports et les actions sur ce thème, l’économie circulaire fait son chemin et prend de l’importance.


L’Economie circulaire expliquée par la Fondation Ellen MacArtur

De nouveaux modèles économiques émergent également autour de l’écoconception. Alors que les impacts environnementaux de l’obsolescence programmée sont colossaux, les outils d’écoconception comme l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) servent à imaginer les modèles fondés sur la recyclabilité tels que « cradle to cradle » ou l’économie circulaire. L’économie de fonctionnalité qui transforme l’acquisition d’un bien en la fourniture d’un service est également un modèle émergeant pour répondre aux enjeux de l’obsolescence programmée.

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Les labels

Les labels sont fondamentaux pour fournir au consommateur une information précise et objective sur ses achats. A l’heure actuelle, seul le label allemand Blue Angel, le plus vieux label environnemental, prend en compte la durée de vie des produits qu’il certifie. D’autres labels commencent à travailler sur ces aspects.

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La législation

La législation à l’échelle nationale ou internationale est défendue par de nombreux acteurs comme la meilleure option pour limiter l’obsolescence programmée.

Les Amis de la Terre réclament notamment une loi pour allonger la durée de garantie de 2 à 10 ans sur les biens de consommation afin « d’imposer aux producteurs de mettre sur les marchés des produits réparables et de garantir la mise à disposition des pièces détachées pour faciliter la réparation dans les 10 années suivant l’achat d’un bien ».

La législation semble également importante dans la promotion de l’écoconception et son intégration dans les pratiques des constructeurs. En imposant des règles strictes en matière de recyclabilité, de traçabilité des déchets ou d’incorporation de matière recyclée, le législateur peut pousser les industriels vers des pratiques vertueuses sans fausser la concurrence.

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« Nous sommes la première entreprise qui demande à ses consommateurs de prendre un engagement et de participer à l’effort de réduction de la consommation »

Yvon Chouinard, PDG de Patagonia, 2011.

Quelques initiatives innovantes 

Quelques entreprises pionnières se sont lancées dans des pratiques intéressantes en matière de lutte contre l’obsolescence des produits. Dans le secteur du textile, l’entreprise américaine Patagonia fait office de premier de la classe en promouvant la réutilisation et la revente de ses produits d’occasion, notamment à travers la Common Threads Initiative.

La pâte à base de silicone Sugru, inventée par la designeuse irlandaire Jane ní Dhulchaointigh, permet quant à elle de réparer toutes sortes de matériels.


Emission de CNN à propos de Sugru [en anglais]

Les fabricants de téléphone, notamment sous la pression d’associations environnementales telles que Greenpeace, ont développé quelques innovations en termes de durabilité de leurs produits. Notamment Nokia qui a créé téléphone à partir de matériaux recyclés ou Sony Ericsson avec des bioplastiques.

Par ailleurs, le designer néerlandais Dave Hakkens a imaginé un smartphone « Lego » pour lutter contre l’obsolescence extrêmement rapide de ces appareils. Encore à l’état de concept pur, le Phonebloks se compose de différents composants entièrement modulables et détachables en fonction des besoins et des pannes !

Le fabricant Motorola (racheté par Google en 2011) a annoncé s’associer avec le projet Phonebloks pour développer le Ara Project.


Le Phonebloks imaginé par le designer Dave Hakkens