Histoire de l’obsolescence programmée

Quelques hommes et femmes qui ont pensé, étudié ou dénoncé l’obsolescence programmée et les modèles qui s’y rattachent…

 


1925 : Stuart Chase anticipe son époque avec « La Tragédie des déchets »
Economiste et ingénieur américain formé au MIT, Stuart Chase fut conseiller du président Roosevelt et père du concept de New Deal. Il fût également visionnaire en décrivant dès 1925, dans son livre « La Tragédie des déchets », l’obsolescence programmée, la publicité trompeuse et la toute puissante consommation qui symboliseront le 20ème siècle.
 

 


1932 : Bernard London nomme le concept d’obsolescence programmée
Dans son livre Ending the Depression Through Planned Obsolescence, Bernard London, promoteur américain, défend le concept d’une obsolescence légale imposée par le gouvernement pour les biens de consommation afin de stimuler et maintenir la consommation. Dans cette Amérique d’après le Krach de 1929 où aucune contrainte environnementale n’est encore connue, l’objectif est de soutenir l’industrie et la croissance. Cependant, l’obsolescence programmée imposée de façon légale n’a pas trouvé un large écho politique à l’époque.
 

 


1930s : Lewis Mumford décrit et dénonce les méfaits techniques de l’obsolescence programmée
Historien américain spécialiste des technologies, Lewis Mumford est le premier à décrire techniquement le phénomène d’obsolescence programmée, et à le dénoncer. Selon lui, l’augmentation constante et sans limite de la production en poussant un remplacement prématuré des biens va à l’encontre de « la perfection technique, de la durabilité, de l’efficacité sociale et, globalement, de la satisfaction humaine ».
 

 


1942 : Joseph Schumpeter invente la « destruction créatrice »
Un des grands économistes du siècle dernier, Joseph Schumpeter est largement connu pour ses théories économiques, notamment sur l’innovation qu’il décrit comme à la fois source de croissance et facteur de crise. Le phénomène de « destruction créatrice » que Schumpeter utilise pour la première fois dans son ouvrage Capitalisme, Socialisme et Démocratie publié en 1942 pose les fondements du modèle économique capitaliste fondé sur l’obsolescence programmée.
 

 


1950’s : Brooks Stevens popularise l’obsolescence programmée à travers son design
Designer industriel à succès, Brooks Stevens est connu pour avoir largement généralisé l’obsolescence programmée sur le marché américain. Il a travaillé pour de nombreuses grandes marques pour qui il a dessiné une multitude de produits et gammes régénérées de façon très rapide. Il a fait de l’obsolescence son leitmotiv et la définissait comme « inculquer à l’acheteur le désir de posséder quelque chose d’un peu plus récent, un peu meilleur et un peu plus tôt que ce qui est nécessaire ».
 

 


1958 : Kenneth Galbraith publie « La Société d’Abondance »
John Kenneth Galbraith, professeur à Harvard, publie en 1958 « The Affluent Society » (La société d’abondance). Cet ouvrage de référence dénonça ouvertement les phénomènes d’obsolescence programmée et engagea la réflexion dans le monde universitaire américain, puis européen, sur ces pratiques industrielles.
 

 


1960 : Vance Packard publie le livre « The Waste Makers »
En 1960, le journaliste Vance Packard est l’un des premiers à alerter sur les problématiques éthiques de l’obsolescence programmée. Dans son livre « The Waste Makers » (Les fabricants de déchets), il dénonce ce système qui impose la surproduction de déchets, la dépendance à la dette et la déconnexion sociale des individus. Il a également établi la distinction entre les deux types d’obsolescence, « l’obsolescence de fonctionnalité », plutôt technique et « l’obsolescence de désirabilité » qui est psychologique.
 

 


2007 : Giles Slade revient sur l’histoire américaine sous l’angle de l’obsolescence
Made to Break: Technology and Obsolescence in America (Fait pour casser : Technology et obsolescence en Amérique), ouvrage de Giles Slade publié en 2007, replace l’obsolescence et l’accumulation de déchets au cœur de l’histoire des Etats-Unis. Selon lui, l’invention des marques et de la publicité a joué un rôle crucial dans le développement de la société de consommation américaine actuelle. Cosima Dannoritzer s’est notamment fondée sur son travail pour faire son documentaire Prêt à jeter.
 

 


2010 : Le documentaire Prêt à jeter relance le débat
Le film documentaire Prêt à jeter réalisé par Cosima Dannoritzer en 2010 joua un rôle important dans le retour de la controverse sur le phénomène d’obsolescence programmée. Il fut diffusé en France pour la première fois sur Arte le 15 février 2011. Son titre en anglais est The Light Bulb Conspiracy (La conspiration de l’ampoule électrique) pour faire référence au cartel Phoebus. Sont notamment interviewés dans le film, le designer John Thackara et l’économiste Serge Latouche.
 

 


2012 : Serge Latouche publie le livre « Bon pour la casse »
L’économiste français Serge Latouche, connu pour ses prises de position en faveur de la décroissance a sorti en octobre 2012 l’ouvrage « Bon pour la casse, les déraisons de l’obsolescence programmée » qui décrit les origines et souligne les conséquences du phénomène d’obsolescence programmée.